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Socialisons les richesses
Conférence suivie d’un débat avec Bernard Friot, économiste et sociologue, auteur de L’Enjeu des retraites (2010), L’Enjeu du salaire (2012) et Puissances du salariat (2012).
Le groupe Louise-Michel a invité Bernard Friot, économiste et sociologue, auteur de L’Enjeu des retraites (2010), L’Enjeu du salaire (2012) et Puissances du salariat (2012), afin qu’il nous présente ses propositions en matière d’économie et que nous le questionnions.
Dans les grandes lignes, il s’agit d’une part de reconsidérer la façon dont on pense différentes valeurs, en particulier celle d’usage et celle économique ainsi que la mesure de la valeur du travail et remettre en cause la mise sur un marché du travail d’une force de travail ; d’autre part il s’agit d’abolir la propriété lucrative, le crédit lucratif et le crédit bancaire. Partant de ce qu’on peut voir comme des « déjà-là », appuis réalistes et crédibles de son projet, Friot propose un nouveau salariat : du traitement des fonctionnaires il retient la progression salariale et, surtout, l’attachement de la rémunération aux qualifications de la personne par opposition aux qualifications du poste occupé (ce qui définit aujourd’hui un emploi) ; du système de retraite, il retient le salaire à vie, non pas envisagé comme salaire différé en fin de vie mais comme rémunération d’une activité, d’un travail créateur de valeur d’usage, aujourd’hui impossible à reconnaître dans le cadre capitaliste. Le projet, en résumé, consisterait à attribuer dès un âge de majorité à décider (par exemple 18 ans) un salaire à tous, quelle que soit son activité (travail de production de valeur économique ou de valeur d’usage ou études). Quatre niveaux de qualifications sont envisagés, fixés pour illustrer son propos à quatre paliers : 1500, 3000, 4500 et 6000 euros par mois.
Indépendamment du poste occupé ou du taux de présence, chacun reçoit ce salaire et, au cours de sa vie, passe les niveaux de qualification successifs devant, par exemple, des jurys. De ce processus de passage, tout reste à définir et Friot préfère laisser ces décisions au futur. Ce projet, présenté comme une étape révolutionnaire, rejette le capitalisme et recherche une autre justice sociale que ce qu’aujourd’hui recouvrent les expressions antithétiques de « justice fiscale » ou de « revenus de solidarité », etc.
Pour les anarchistes, plusieurs points suscitent l’intérêt, à commencer par une apparente compatibilité du projet avec d’autres étapes révolutionnaires qui verraient la dissolution du centralisme étatique et l’organisation selon des principes fédéralistes, ainsi que les principes autogestionnaires au sens où il préconise l’appropriation par les travailleurs des lieux et des moyens de leur travail (au sens de propriété d’usage). Cependant de nombreuses questions et doutent subsistent, qui font l’objet des questions du public et qui seront bientôt mises en ligne [1].
Écoutez ici même ou téléchargez l’enregistrement de la conférence. Attention, il manque quelques secondes au tout début, ce qui peut donner l’impression d’un départ abrupt.
Et voici l’affiche qui avait rempli la quatrième de couverture du numéro 1689 du Monde libertaire.
- Affiche de la conférence-débat « Socialisons les richesses »
[1] Il reste du travail sur l’audio, étant donné que les voix de l’auditoire ont été enregistrées à très faible volume.