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Comprendre les enjeux scientifiques et philosophiques d’une idée révolutionnaire : la théorie darwinienne de l’évolution
En quoi consiste la théorie darwinienne de l’évolution ? Qu’est-elle et que n’est-elle pas ? Cette théorie est contre-intuitive, et sous des dehors simples (l’effet de la sélection naturelle et de la variation des êtres), elle reste toujours, plus de 150 ans après sa formulation initiale, un ensemble d’idées qui bouleverse nos intuitions communes au sujet du vivant. Présenté par Marc Silberstein.
Le projet anarchiste de changer radicalement l’organisation de la société, de récuser les rapports hiérarchiques et de domination, etc., se doit d’être pleinement instruit de la façon dont « le monde » est fait et agit : le social et l’économique certes, mais aussi le monde vivant, le monde animal, leur évolution et leur fonctionnement, afin d’admettre les parentés évolutives entre animaux non humains et les humains et sortir de la vieille opposition nature/culture, ou de faire descendre les humains de leur piédestal spirituel, voire théologique, etc. Or, tout cela est redevable d’une description et d’une explication scientifique sans équivalent : la théorie darwinienne de l’évolution, au point que le généticien Theodosius Dobzhansky, l’un des acteurs d’une refondation du darwinisme au XXe siècle, pourra déclarer en 1973 : « Rien en biologie n’a de sens, si ce n’est à la lumière de l’évolution. » Après une conférence sur la vie et la biodiversité, une autre sur l’ADN, le groupe Louise-Michel propose donc une autre séance portant sur le monde vivant, sur les facteurs et mécanismes de l’évolution, mais aussi sur les conclusions philosophiques qu’on peut en tirer : le statut du hasard, le matérialisme constitutif du darwinisme, la fin de la prééminence du religieux au sujet de la vie, de nature humaine, etc.
Durant cette conférence-débat, je montrerai, dans ses grandes lignes (le sujet est vaste…), en quoi consiste la théorie darwinienne de l’évolution, ce qu’elle est, ce qu’elle n’est pas. Cette théorie est contre-intuitive, et sous des dehors simples (l’effet de la sélection naturelle et de la variation des êtres), elle reste toujours, plus de 150 ans après sa formulation initiale, un ensemble d’idées qui bouleverse nos intuitions communes au sujet du vivant – ce qui peut expliquer en partie la pérennité des réticences à son encontre.
En effet, l’effort erroné de Kropotkine (dans L’Entraide), souvent compris dans le milieu anarchiste comme une alternative crédible au darwinisme, et, simultanément, la caricature de Darwin perçu comme le parangon de l’ordre capitaliste à cause de termes ou d’expressions chargés de connotations prétendument suspectes (« sélection », « survie du plus apte », « lutte pour la vie »), tout cela concourt à périodiquement dévaluer la portée radicalement novatrice de la pensée du naturaliste anglais. Bien sûr, des exagérations, des extrapolations indues existent, et il faut s’en prémunir ; reste que vouloir se débarrasser du darwinisme à cause de ces aberrations ou de telle ou telle tentative d’annexion idéologique demeure une entreprise relevant de l’imposture intellectuelle.
En conclusion, j’espère pouvoir ainsi montrer que ces idées, issues d’une considérable collection de données et d’innovations théoriques depuis 150 ans – donc elles-mêmes évolutives –, sont sans aucun doute profitables à une réflexion anarchiste sur la société et ses déterminants.
Marc Silberstein
- Illustration pour la conférence du 26 avril 2014 sur la théorie darwinienne de l’évolution